Je t’ai rencontré un jour sur la Canebière Tu m’as plu tout d’ suite et je t’ai épousé Mais je ne savais pas que toute ma vie entière Tu me dirais vingt fois dans la journée "Attends ! je viens Tu sais bien que je n’aime pas qu’on me bouscule Tu vois bien que je fais la belote avec Jules ! Et c’est curieux cette manie de me déranger Quand je suis occupé ! Attends ! je viens !" Tu vois bien que c’est le moment de la pétanque Je tire et hop ! Fan de chichourle, je la manque ! Maintenant je sens que je vais être énervée, toute la journée Et c’est comme ça chaque jour de la vie Le soir il va au bureau de poste Comme la postière a le béguin de lui, il la cajole, l’enjôle et me crie : Mais attends ! Mais je viens ! Laisse-moi au moins le temps que je l’affranchisse Mais non pas la postière, mais la lettre pour la Suisse Il paraît que ça se tamponne dans le coin Attends, attends ! je viens ! Lorsque vient le soir, j’ai envie de tendresse Il ne comprend pas et je monte me coucher Et comme je lui dit ah ! c’est l’heure de l’ivresse Il me crie du bas de l’escalier : Attends ! je viens ! Tu sais bien que je n’aime pas qu’on me harcèle Oh bonne mère mais laisse-moi au moins le temps de défaire les bretelles ! Moi, ça me donne des cauchemars et même mon ange gardien me dit : Attends ! Il vient ! Malgré ça on a eu un petit, oh alors là ! faut dire que c’est une aventure ! Je l’ai attendu quinze mois et demi, Quand sa voix claire, peuchère m’a dit : Mais attends ! Mais je viens ! Et maintenant comme ils sont deux avec son père Toute la journée j’entends ces mots qui m’ désespèrent Et je les supplie de ne plus dire pour un rien : Attends, attends, je viens !