Je suis la vieille geisha folle. Du moins, c'est ce qu'on croit de moi, Mais je suis la fée atomique. Les autres ne le savent pas. La peau poudre de riz, J'arpente, tout en blanc, Le paysage rouge et noir, Je fais gémir ma voix de femme. Ma voix est douce. Il y a déjà tellement de cris. Personne ne sait d'où je sors, Immaculée comme le lait Dans ce terrain mal luné. Je n'ai qu'une goutte de sang Qui coule finement sur mes lèvres. Il y a déjà tellement de rouge, Les enfants doivent être contents, Eux qui n'aiment pas la salade. Ici, il n'y a plus rien de vert. Je ne me plains pas de la faim, J'avais bien besoin d'un régime. Je me nourris de la pluie noire, C'est mon secret pour être blanche. Je déambule sur le sol mou, asexué, encore tiède. Les autres brûlent ces bouts de nous, Les familles qui partent en lambeaux. Moi, j'en ai fait des rideaux Contre les mouches. Il parait que ça sent mauvais, L'odeur ne m'atteint plus : Je vis dans un autre monde, Celui de la bombe atomique. Je suis la fée atomique.