Ma cheminée est un théâtre Où l'on ne joue qu'un seul auteur : le feu J'ai pris ma place devant l'âtre C'est un spectacle pour les vieux J'adore me régaler de flammes J'ai pris assez de bûches pour ça C'est mon harem de jeunes femmes Mon corps de ballet d'opéra J'ai pris ma place devant l'âtre Ma cheminée est un théâtre. Regardez-les, les chaudes gamines Batifoler à qui-mieux-mieux Je leur sers des serments de vigne Ça leur fait dresser les cheveux C'est bien le moins que je leurs dois Elles m'ont assez brûlé les doigts Je deviens le metteur en scène De ces flamencos fastueux Parfois lascifs, jamais obscènes Que je me paie à petit feu. Le feu raconte des histoires Illuminant la nuit des temps Je connais tout le répertoire De ce génie incandescent Le feu est un vieux compagnon Le plus ancien des minitels Le cinéma de Cromagnon Et la télé de Tautavel Me voici parmi mes aïeux Fauteuil d'orchestre au coin du feu. Ma cheminée est un théâtre Un vrai théâtre rouge et or Pour vous plaire, il se met en quatre Brûle les planches et les décors Mais quoi ? J'ai dû fermer les yeux Dans le bois de Trousse-Cerise Le festin s'éteint peu à peu De mon théâtre ne reste que Des braises dans la poudre grise Des braises dans la poudre grise L'homme et la flamme savent s'entendre Ils se ressemblent tant tous deux Dresseurs de feu, laisseurs de cendres feu le feu.