Cadou s'est endormi Sans éteindre sa lampe Les ânes sont partis Avec Jammes au Paradis Et leurs milliers d'oreilles Dessinent des pétales au Soleil On referme le bouquin Le poème poursuit son chemin Si faibles sont les mots Si pauvres les prières Un seul coup de plumeau Les voilà grains de poussière Un oiseau les picore Et lance ses trilles à la mort Pour t'arracher au chagrin Le poème poursuit son chemin Cadou s'est endormi Sans éteindre sa lampe Les ânes sont partis Avec Jammes, au paradis Et leurs milliers d'oreilles Dessinent des pétales au Soleil On referme le bouquin Le poème poursuit son chemin Je désire, ainsi que je fis ici-bas, Choisir un chemin pour aller, comme il me plaira, Au Paradis, où sont en plein jour les étoiles Je prendrai mon bâton et sur la grande route J'irai, et je dirai aux ânes : "Mes amis : Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis" Je leur dirai : "Venez, doux amis du ciel bleu Pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille Chassez les mouches plates, les coups et les abeilles"