Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On a l' mal du pays qui fait des siennes Une enfance qui remue, des souv'nirs qui reviennent Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On a l' mal du pays, c'est comme une chaîne Qui r'monte, du fond du puits, des seaux d'histoires anciennes Où qu'on aille, d'où qu'on vienne C'est une jolie maison dans un coquet domaine Ou la presque prison d'une banlieue lointaine Qu'on ait droit aux caresses ou aux coups de ceinture Qu'on s' chouchoute à la colle ou à la confiture Ou à la confiture Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On est tous du pays des genoux qui saignent Où des géants nous font des caresses ou des beignes Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On a l' mal du pays qui fait des siennes Une enfance qui remue, des souvenirs qui r'viennent Où qu'on aille, d'où qu'on vienne C'est une pièce de monnaie jetée dans la fontaine Ali Baba qui rêve au bord de sa caverne Toutes les vies possibles encore, à pile ou face Des trésors de cailloux et de fourmis qui passent Et de fourmis qui passent Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On a l' mal du pays, c'est comme une chaîne Qui r'monte, du fond du puits, des seaux d'histoires anciennes Où qu'on aille, d'où qu'on vienne Ce pays-là, crains pas qu'on nous l' reprenne Sans passeport, sans papiers, on y r'vient quand même Où qu'on aille, d'où qu'on vienne C'est le nez qui s'écrase à la vitre du ciel La nuit qui vient toujours trop tôt, maudite vieille, Servir la soupe bleue qui nous fera grandir Dans un costard étroit qu'on n'a pas pu choisir Qu'on n'a pas pu choisir Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On a l' mal du pays qui fait des siennes Une enfance qui remue, des souvenirs qui r'viennent Où qu'on aille, d'où qu'on vienne On a l' mal du pays, c'est comme une chaîne Qui r'monte, du fond du puits, la tendresse ou la haine Où qu'on aille, d'où qu'on vienne