Tu sors souvent, la mer, c'est pas bon pour ta voix Tu devrais mettre un pull, t'as bien assez d' moutons Et puis prendre ton carrosse et puis rentrer chez toi Trois cent mille chevaux, là-bas, disent ton nom Tu sors souvent, la mer, fais gaffe aux inconnus Avec leur pipe en l'air qui canarde le ciel Et leur sarrau de fer et leurs toiles perdues Le vent n'a rien à faire avec ces criminels Ça s'appelle bateau et ça marche au mazout Dès le petit matin, ça s'en met plein le trou Ça sait pas marcher droit, ça flirte avec radar Un espion, un poulet, un voyeur, un bavard Tu sors souvent, la mer, à ton âge, il faut pas Tu mets ta vague à l'air comme une fille dans les bois Et ça donne des idées à ceux qui n'en n'ont pas Ça se met une casquette et ça s' fout dans tes bras Tu sors souvent, la mer, comme les filles de la rue Qui montent sans raison avec un inconnu Parce que c'est l'usage et qu'elles ont seize ans Et que l'on peut faire naufrage sans avoir toutes ses dents Ça s'appelle l'amour et ça marche au chiqué Dès la tombée du jour, ça boucle ses paquets Un voyage au long cours dans la rue Réaumur C'est cinq à six minutes, et encore... c'est pas sûr ! Tu sors souvent, la mer, tu te fais les yeux bleus Tu mets du vert parfois pour voir les amoureux Qui regardent le creux que te fait la marée Qui des fois s'y confondent en croyant se marrer Tu sors souvent, la mer, mais tu n'as pas d'époux Dans ta maison de dunes, tu nous lèches la joue Et tu repars là-bas comme un rêve insensé Qui toujours recommence et toujours se défait Ça s'appelle la vie, ça marche au baratin Ça se fout des chapeaux, des bijoux, des chagrins Ça sort au syndicat, au ciné et, crois-moi Ça sort et puis ça rentre faire des mômes à l'État Tu sors souvent, la mer, Emmène-moi avec toi...