Quand les hommes deviennent sages Polis, polis, trop polis Et qu' tu vois plus ton visage Dans le miroir dépoli De leurs yeux qui te traversent Comme si t'étais pas devant Ô femme, c'est que ta jeunesse S'est envolée dans le vent Le vent qui claque les portes Le vent qui sait le vieil art De larguer les feuilles mortes Allée des brouillards, allée des brouillards Tu peux prendre des bains d' mousse Croquer des biscottes sans sel Sur ta peau des lunes rousses Ont viré tes lunes de miel C'est fini, y a plus personne Pour les caresses déplacées Tu peux repasser ton automne À la vapeur du passé Les bras tendus comme des tiges Au jeu des câlin-maillards Tu s'ras seule jusqu'au vertige Allée des brouillards, allée des brouillards Mais de quel droit je t'inflige Ce tableau désespéré ? Tu pourrais être ma fille Tu n'en as rien à cirer L'hiver, tu le fais craquer Et lorsque tu seras vieille Vers minuit, minuit un quart J' te le dis au creux de l'oreille Il te reste un p'tit rencard Si t'as pas le cœur trouillard Mon fantôme est un gaillard Allée des brouillards, allée des brouillards Des brouillards