Je rêve toujours d'me tirer, d'me barrer D'me tailler, de foutre le camp Moi qu'aimerais tant m'arrêter d'cavaler Prendre le temps D'avoir des chats, des petits chats Des chiens, des tas d'enfants Un vieux fauteuil au coin du feu Où me laisser glisser à deux Avoir mes bouquins sous la main Qui s'ouvrent d'eux-mêmes Aux pages que l'on aime Et qu'on relit sans fin Parce qu'on les aime Un petit clocher de Cocagne Que j'entendrais tinter L'hiver tout comme l'été La nuit, le jour, sur la campagne Me donneraient envie de n'plus changer ma vie On verrait chaque soir L'tourbillon fou du monde devant la télé Mes chats, mes chiens roupillant à nos pieds À poings fermés Et qu'au dehors le vent d'hiver Se donnerait un mal de chien Pour faire plier les peupliers Que nous aurions plantés à deux Et les soirées d'automne couleraient Douces et monotones Et chaque nuit on se dirait: "Chéri, on réveillonne!" Aïe ! Quelle petite vie de Cocagne L'hiver tout comme l'été J'pourrais pas m'en lasser La nuit, le jour, dans ma campagne Ni vue et ni connue dans mon petit coin perdu Mais v'là qu'il faut me tirer, me barrer, Me tailler, foutre le camp, J'ai même pas l'temps d'm'oublier Un instant loin du présent, Adieu mes chats, mes petits chats, mes chiens Adieu le vent, Ce vieux fauteuil au coin du feu, J'm'y serais jamais planquée à deux C'est bête ce rêve que j'fais chaque jour Dans ma p'tite auto En venant du bureau Qui pourrit ma vie de nostalgie