Quand revient le vent de l'automne, Je pense à tout ce temps perdu. Je n'ai fait de mal à personne. Je n'ai pas fait de bien non plus Et j'ai le cur gros. Pauvre chien perdu dans la ville, Y a des abris pour toi, mon vieux. On a la conscience tranquille Et quand on regarde tes yeux, On a le cur gros. Après des mois de mauvais coups, De filets pleins de goémons, Quand le marin compte ses sous, Sur la table de la maison, Il a le cur gros. Toi qui n'es pas mort à Madrid, Tant de copains sont restés. Quand tu regardes tes mains vides Et devant ton fusil rouillé, Tu as le cur gros. Quand tu l'as vu porté en terre, Son cheval noir marchant devant, Tu as soudain compris, mon frère, Qu'il étaient plus qu'un président. T'as eu le cur gros. Assis au bord de la rivière, Mes rêves suivent leur chemin, Mais quand je pense qu'il y a sur terre Deux enfants sur trois qui ont faim, Moi, j'ai le cur gros. Adieu fillette, adieu ma mie, Adieu petite, le temps court. Les cigognes sont reparties. Elles reviendront sur'ment un jour. N'aie plus le cur gros