Canal Saint-Martin Un soir de juin Deux enfants de l'éphémère Chantaient Apollinaire Rilke, Nerval Cela fait longtemps C'est vrai mais quand Je reprends la passerelle Je crois revoir nos ombres frêles Sur le canal Passent les joies, les peines. Quand le temps se fait vieux Les miroirs se souviennent Toujours un peu Cassent les porcelaines Quand l'oubli est tout près Les souv'nirs nous reviennent Dans un reflet Cette vieille armoire Et son miroir Ont connu toutes tes robes, Ces tenues strictes et sobres Que tu portais Maman, aujourd'hui. Il est ici Ce grand meuble où dans la glace Parfois ton ombre qui s'efface Réapparaît Passent les joies, les peines. Quand le temps se fait vieux Les miroirs se souviennent Toujours un peu. Valse le quotidien L'amnésie se déchire La mémoire nous revient Sans réfléchir Non, rien ne s'éteint Derrière le tain De ces objets qui partagent Avec nous notre image En l'inversant Et dans leur royaume Tous les fantômes De nos regards, de nos gestes Nous voient changer alors qu'ils restent Infiniment. Passent les joies, les peines. Quand le temps se fait vieux Les miroirs se souviennent Toujours un peu Tracent des jours enfouis Sur l'écran éternel La mémoire nous poursuit Et les miroirs Se rappellent.