Je m'appelle Octave Et je fais le zouave Sur le pont de l'Alma Où quelquefois Comme autrefois J'en bave Mais plus qu'en Afrique Aux temps héroïques Quand sous la chéchia Garance. J'a- Vais mission historique D'éduquer les peuples Sauvages et aveugles De guider sur des Torrents d'idées Le grand troupeau qui beugle Que j'ai de la peine Toute la semaine Moi qui aimait tant Voir couler l'sang De voir couler la Seine! On nous redoutais comme le feu, comme la peste De Sébastopol à Magenta à Palestro Comme Mac-Mahon je suis parti: "J'y suis, j'y reste!" Pour en arriver final'ment à: "Que d'eau, que d'eau!" Au printemps le fleuve Me met à l'épreuve Comme si les frimas N'suffisaient pas Il faut encore qu'il pleuve Et il monte monte Ce lent mastodonte J'affrontais le front C'est un affront A présent que j'affronte Car j'ai de la flotte Jusqu'à la culotte Jusqu'au gros colon Jusqu'aux galons Parfois jusqu'à la glotte Moi qu'on put connaître Zouave et fier de l'être Il y a des moments Maintenant où j'en Ai par-dessus la tête On nous redoutais comme le feu, comme la peste De Sébastopol à Magenta à Palestro Comme Mac-Mahon je suis parti: "J'y suis, j'y reste!" Pour en arriver final'ment à: "Que d'eau, que d'eau!" Je m'appelle Octave Et je fais le zouave Sur ce pont damné Où chaque année Je sens qu'mon cas s'aggrave Dans mes jambes ça bouge J'ai des fourmis rouges Un jour j'vais m'tirer Faire une virée Je vais prendre un bateau mouche Direction le septième Régiment que j'aime Encore des beaux jours Pour les Tambours Et pour les chrysanthèmes Paraît qu'y a une chouette Guéguerre qui vous guette Ça sent le crime Et les vieux d'Crimée Ne seraient pas de la fête